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Vous trouverez ci-dessous nos récits de voyage les plus récents et vous remarquerez peut-être qu'il en manque quelques-uns... C'est parce que, bien qu'on soit de retour depuis avril 2008, on n'a pas fini de tout vous raconter!  

Alors on étire le plaisir, pour nous, en intégrant tant bien que mal nos riches souvenirs asiatiques à notre étourdissant quotidien nord-américain.  'Faut pas être pressé!!
(Copyright: Merci d'obtenir notre accord avant d'utiliser les photos de ce site, elles sont l'oeuvre et la propriété excusive des auteurs! © E.Savage/D. Paquette 2007-2008)

Voici nos dernières histoires du bout du monde:

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lundi 12 novembre 2007

3 ans, 8 mois et 21 jours

C'est la réponse que tous les cambodgiens vous donneront a la question "combien de temps a duré l'enfer?". Ce cauchemar correspond aux atrocités du regime des Khmers Rouges dirigés par Pol Pot.

On aurait aussi pu titrer ce segment "rendez-vous avec l'histoire", car c'est ce qui nous attendait au Cambodge a travers notre visite du musée du genocide, sur les champs de la mort (killing fields) et dans le récits de quelques survivants qu'on a croisés. Ce segment est beaucoup moins a propos de nous que d'eux...

En avril 1975 les Khmers Rouges ont marché sur Phnom Penh puis sur l'ensemble du pays.

Pour eux, le seul salut résidait dans une réforme totale ou toute la population retournerait aux champs et deviendrait une nation basée uniquement sur le developpement agraire (ni plus ni moins que l'inverse de la tangeante dans le reste du monde). Les villes furent ainsi vidées et leurs habitants deplacés vers les campagnes. Tous ceux qui étaient susceptibles de critiquer le régime, de meme que leur proches, etaient systematiquements éliminés (professeurs, medecins, artistes et intellectuels). Avant la liberation par les Vietnamiens en 1979, plus de 1.7 millions de Cambodgiens avaient été exécutés ou étaient mort de faim conséquemment a ce regime.


C'est un cinquieme de toute la population du Cambodge !


Une école comme des centaines d'autres au Cambodge.

Sauf que celle-ci fut convertie en prison par les Khmers Rouges en 1976 et baptisée S-21. Les classes étaient divisées en cellules, des barreaux furent installés aux fenetres et la cour d'école fut encerclée de barbelés. C'est aujourd'hui le terrifiant musée Tuol Sleng qu'on vous invite a visiter, comme nous, en silence.

Dans ces longs corridors, aujourd'hui silencieux, ont trop souvent resonnés les cris des malheureux qui y subirent les pires sévices au nom de la révolution.



Un extrait des reglements de la prison... Oui, ca donne des frissons.


Les salles de classes furent transformées en salles de tortures (remarquez le carrelage et le lit que vous retrouverez sur la photo ci-bas, prise le jour de la libération de la prison alors que des victimes gisaient encore sur le plancher).

Pas besoin d'explication.




Sur les 16 000 "prisonniers" qui ont étés enregistrés a la prison, dont environ 2000 enfants, seuls 7 en sont sortis vivants...






Réflexion :

Pendant ce temps Montréal recevait le monde olympique et, en 1979, on célébrait l'année de l'enfant. Vous vous rappelez? Moi je m'en souviens car pendant ces années je suis passé de 8 a 12 ans, soit le meme age que ces milliers d'enfants dont la photos orne tristement les murs de ce musée. D'autres avaient l'age de mes freres & soeurs, celle de mes amis, de mes parents...

Je m'en souviens aussi parce que mon pere, au début des années 80, a parrainé une famille de refugiés, la famille "Sutanet" qui est venue s'installer a Sherbrooke ("Sutanet", me dit notre guide, est un nom tres répendu ici).

La beauté de mon long voyage se situe principalement dans l'imprévisible et dans l'étonnement. Ainsi je n'avais pas prévu ces boulversants rendez-vous avec l'histoire; ou peut-etre les avais-je tout simplement sous-estimés. Il en fut de meme a Hiroshima, a Séoul, en Chine et bien sur, au Vietnam. La charge devient lourde.




Les Khmers Rouges , a l'instar des Nazis, documentaient leurs activites et photographiaient chacun des prisonniers.

Les soldats Khmers étaient pour la plupart des adolescents férocement endoctrinés par le régime. Tellement qu'ils sont progressivement devenus diaboliques au point de tuer, si on leur ordonnait, leurs propres parents.



A quelques kilometres de Phnom Penh, entre de beaux arbres fruitiers serpentent des sentiers.

C'est ici que se dressait le camp d'extermination de Choeung Ek, aussi appelé les champs de la mort. Dans ce lieu qui semble propice a la promenade, furent executés plus de 20 000 prisonniers.

Parce qu'ils ne valaient pas le prix d'une balle de fusil on les tuait a coup de baton... et on frappait les bébés contre les arbres... ou on les jetait dans la fosse communce alors qu'ils etaient encore vivants !

Une grande tour (stupa) conservant des ossements de plus de 8 000 cadavres a été érigée en memoire des victimes. Le sol y est encore jonché d'ossements, de dents et, comme vous le voyez en avant-plan, de vetements des victimes que le temps a ramené a la surface comme pour nous rappeler de ne jamais les oublier.

(...)


Heureusement il semble que les années de peur et d'inquiétude sont maintenant passées et le peuple Cambodgiens peut aspirer a un avenir meilleur.

Au-dela des majestueux temples d'Angkor, qui n'ont d'égal que quelques rares lieux sur terre tels Machu-Pichu et les pyramides, il y a les Cambodgiens: malgré les années sanglantes et l'instabilité politique ils ont gardés un sourire intact. On ne peut rester insensible et sans admiration pour eux.

Si ce volet d'histoire vous interpelle on vous suggere de voir le film The Killing Fields, qu'on a revus ici meme avec beaucoup d'emotion et de lire l'incontournable récit d'une survivante, Ung Loung, intitulé D'abord ils ont tué mon pere.





Point de culture justicier: Quoi que 25 ans trop tard, les responsables (toujours en vie) du génocide ont dernierement été arretés pour faire face a des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Ca se passe dans la capitale alors que CNN est en ville et nous annonce le début des procédures judiciaires. Ce matin-la, dans le resto de notre hotel a Phnom Penh, le silence plane parmi les touristes qui regardent le bulletin de nouvelles.

Les nombreuses organisation d'aide humanitaire qui oeuvrent au Cambodge craignent toutefois que les effets de ces procédures feront revivrent de pénibles souvenirs aux survivants. Avez-vous idée combien de gens portent encore les cicatrices d'il y a a peine 30 ans?

Beaucoup de travail pour les quelques 20 psychologues du pays...