Le grand bleu... ciel!
Commencons par le commencement...
Imaginez un paysage si grand que le regard s'y perd...
.... maintenant ajoutez-y du vert,
si vert que vous pensez que votre tv intérieure est mal ajustée...
... et mettez-y des petites taches de blanc, mais pas trop...
Bienvenue dans les plaines d'Asie, en plein coeur du pays des Mongols !
Bon, c'est plus simple a dire qu'a faire... Car il vous faut savoir que la découverte du pays est une aventure en elle-meme puisqu'on ne peut la faire qu'en jeep 4x4, les routes étant a peu pres inexistantes.
Nous prenons donc les grands moyens et louons un véhicule apres avoir formé un groupe en utilisant le tableau d'affichage d'un café local. Apres 2 jours, c'est réglé !
Notre organisateur, Tseren Tours, se révélera le meilleur choix pour nos moyens. Pour 32 dollars par jour, on nous fournit un véhicule, un équipage, les couchers et les repas.
Tout a fait dans notre budget ! http://www.tserentours.com/ (pour les intéressés)
Notre joyeuse bande est composée, outre nous deux, de 3 Autrichiennes:
Voici Annabelle et sa fille de 14 ans prénommée Hannah
et voici Marianne, qui est liée a Annabelle par un ami mongol commun.
Nous passerons beaucoup, beaucoup de temps ensemble... soit 12 jours sur les routes cahoteuses de ce fascinant pays.
Tout l'monde a bord! On s'entasse dans un bolide de construction soviétique (comme la plupart des choses ici).
Plus de 2000 km sous la gouverne de notre guide, Haluna, qui fait aussi office de cuistot. Le tres sympathique Mogi est notre intrépide chauffeur-mécanicien qu'on surnomme "jejuk bambrush", qui signifie petit ours. Il m'a donné a moi, Eric, le surnom "Tom Bauwra" qui signifie gros ours (mais je ne comprend pas trop pourquoi...).
Voici notre super-sexy-team, Mogi et Haluna, qui sont prets a tout pour nous mener a bon port...
On quitte enfin Oulan Bator, la capitale, vers le désert de Gobi en passant par les montagnes du centre du pays...
A part une route principale qui est partiellement pavée, le transport se fait sur des pistes. Les chauffeurs n'ont pas de cartes et se fient a leurs "GPS interne" et s'arretent pour demander leurs chemins aux nomades qu'on croise (ils font ca régulierement et sans honte...on a peut-etre une petite lecon a tirer de ca les gars !).
Les piques-niques se prennent quand on a faim et ou on veut... au milieu des chevaux ou des chevres, selon l'humeur du moment. Et le dodo se fait, la plupart du temps, sous la tente.
Et comme les nomades, on monte notre camp ou bon nous semble :
au milieu de la steppe...
.... ou au pied des montagnes
La croyance veut qu'on ne mentionne pas le nom de cette montagne sacrée lorsqu'on est a proximité ou lorsqu'elle est dans notre champs de vision. On ne peut donc pas la nommer, mais c'est la qu'on a campés!
Ah j'oubliais un détail: c'était la nuit des perséides, communément appelée "pluie d'étoiles filantes" alors que le ciel était clair et sans lune... qui dit mieux?
On dit de la Mongolie qu'elle est le pays sans barrieres. C'est vrai.
Comme 50 % de la population est encore nomade, la terre est a tout le monde. Mais gare aux chiens qui veillent autour de la yourte. Une des premieres phrases qu'on doit apprendre en mongol est "no-khoi, kho-rio" qui veut dire littéralement "retenez les chiens"!!
Mais l'expression sert aussi de salutation... c'est vous dire !
La yourte, appelée localement un "ger", est omniprésente dans les steppes... c'est une habitation unique répondant aux difficiles conditions de vie des nomades.
Elle est assez chaude pour affronter les grands vents d'hiver (la porte est toujours orientée vers le sud) et paradoxalement elle se démonte en une heure pour permettre de suivre les troupeaux d'un paturage a l'autre.
L'énergie solaire permet d'alimenter une télé... mais pas un frigidaire.
Vu l'état des routes (et des véhicules!) les pannes sont légion et la vitesse de croisiere ne dépasse pas les 50 km/heure.
Pendant que Mogi assume son role de mécano a réparer quelque chose sous le véhicule (le premier d'une longue série de bris) nous on profite du paysage avec notre guide qui nous fait découvrir la flore et la faune locale.
Le voyage est un bel exercice de lacher-prise. Il faut etre patient, profiter du panorama qui est sans cesse changeant et etre ouvert aux nombreuses rencontres fortuites...
Un jeune berger venant a notre rencontre; il arrive d'on ne sait ou...
Il est bientot rejoint pas plein d'autres gens qui apparaissent comme par magie pour donner un coup de main a notre mécano.Une "petite piece" a changer : le differentiel !!! Quelqu'un est parti avec en moto et nous l'a ramené le lendemain matin...
Ici l'entraide est un mode de vie. Comme les familles vivent éloignées les unes des autres et que tous les services sont situés a de grandes distances, les habitants parviennent a survivre en s'entraidant.
En cours de route on embarque ainsi plusieurs personnes, comme cette petite fille qu'on a debarque litteralement au milieu de nullepart et qu'on a vu partir a la marche vers une lointaine yourte. Les 2 enfants se sont bien amusés, avec les chapeaux, pendant le trajet...
On s'arrete aussi visiter quelques familles et gouter une spécialite locale: l'airag. Kossé ca mange en hiver ca? C'est tout simplement du lait de jument fermenté (oui oui, du lait de jument fermenté!) qui lui donne un niveau d'alcool semblable a celui de la biere.
Mais ca goute pas la biere du tout ... ca ressemble plutot a un mélange de yoghourt et de cidre (!).
C'est l'heure de la traite de la jument, pour préparer l'Airag...
Les Mongols adorent ca. Pour notre part, on préfére de loin la biere locale Chinghis...
Ca c'est la face de Denis qui essaie d'avaler une gorgee de airag sans trop grimacer...
Ces sympathiques arrets nous donnent l'occasion de rencontrer quelques nomades et d'echanger.
C'est impressionnant a quel point le paysage se transforme d'heure en heure et de jour en jour... Le pays se dévoile couche par couche, comme un parfait de chez Dairy Queen; et la variété est reine!
Partout il y a des animaux qui paissent: moutons, yacks, chevres, mais surtout des chevaux.
Beaucoup de chevaux.
Il y a 13 chevaux par habitant au pays et sachez que c'est le territoire qui possede la plus faible densite de population au monde !
13 chevaux par habitants pour un peu moins de 3 millions de population: faites le calcul !
Toutes ces belles betes donnent l'impression d'etre en liberté car il n'y a ni enclos ni clotures.
"Cowboy" mongol rassemblant son troupeau.
Ils sont un relicat de la culture religieuse tibétaine qui domine.
On y accroche des foulards bleus, jaunes ou verts (pour signifier le ciel, le soleil et la terre) pour apporter la chance.
La tradition veut qu'on en fasse 3 fois le tour en y ajoutant 1 pierres a chaque tour pour apporter sur soi les bonnes graces...
On n'y manque jamais !
Au 3ieme jour on s'arrete a Yolan Am, la Vallée de glace. On l'appelle ainsi parce que cette étroite gorge est recouverte d'une couche de 4 a 5 metres de glace jusqu'a la fin juillet. La profondeur de la gorge empeche le soleil d'y pénétrer et de faire fondre la glace qui s'y est accumulée durant l'hiver (il peut faire jusqu'a -40 ici ).
Au mois d'aout, il n'y coule plus qu'une riviere qui alimente la pousse de milliers d'Edelweiss !!! Et oui, le blason de la Suisse est en voie d'extinction en terre helvete mais il foisonne ici comme les billets dans une banque suisse...
Apres un périlleux bout de route ou le jeep penche presqu'au point de se renverser et apres avoir traversé d'etroits canyons, on dresse notre camp sur le bord d'un ruisseau. Un autre décor qui fait rever... et pas une ame qui vive a des lieues a la ronde. C'est parfait.
Ici ca sent la ciboulette... Car ce qui semble etre de l'herbe bien ordinaire est en réalite de la ciboulette, partout!!! Dorénavant cette odeur nous rappellera toujours la Mongolie.
Les Mongols prétendent que c'est ce qui fait que la viande de leurs moutons (la nourriture de base ici) est si gouteuse... On a voulu avoir l'avis des moutons en questions mais ils ont tellement mauvaise haleine qu'on n'a pas réussi a s'approcher !
Et au cas ou vous posiez la question, le bain se prend dans le ruisseau et pour le reste ben, on fait comme les locaux, on va la ou on peut et on enterre le tout apres.
Un peu plus loin le "middle-Gobi", comme on l'appelle ici, recele une variété de paysages dont celui des "Flaming Cliffs" (falaises de feu) qui nous projettent dans un mini Grand Canyon.
Denis semble poser pour le catalogue Sears mais en fait il pointe une gazelle au loin... Il y a bel et bien des gazelles ici:
On se nourrit comme la population locale: une base de féculents aggrémentée de saucisson sec et de l'incontournable mouton accompagnés de légumes marinés dans le vinaigre. Les légumes frais sont tres rares a part le concombre qu'on mangera tous les jours. Le pain est dur, a la russe, et on doit le tremper dans le bouillon pour le rammollir...
Jaune sur fond bleu: un enfant au puit
A l'image de la capitale, les petits villages sont tout aussi déprimants. Non, la beauté du pays n'est pas la...
On se croirait dans le Nunavut... en fait les villages du Nunavut sont certainement plus sympa.
Petite église chretienne au fond d'une cour.C'est rare dans un pays ou la grande majorité de la population est bouddhiste.
Ca c'est le dépanneur-magasin général. On y trouve, entre autres, de la biere froide: un véritable luxe a la fin d'une journée d'arts martiaux et de routes poussiéreuses.
Il faut bien se rehydrater, on n'est pas des chameaux !