La Chine nous enivre

Notre absence du blog ces derniers jours s'explique (meme s'il n'est pas necessaire de s'expliquer) par 2 facteurs: la penible lenteur du reseau internet et notre "niveau de decrochage" qui est descendu encore plus bas, meme si ca nous parraissait impossible. De plus, les oeufs seches de l'ile de Lantau nous ont garde au lit....(pas vraiment, mais ca viendra).

Vous etes chanceux, aujourd'hui il pleut alors voila de quoi vous distraire...

Guilin, capitale de la province du Guangxi est une petite ville par rapport a la Chine mais une grande ville pour nous: seulement 1.3 millions d'habitants !

Le Guangxi (qui se prononce Gouane-chi) est une des provinces les plus pauvres de Chine mais recele certains de ses plus beaux paysages. La ville de Guilin est donc tres frequentee par les touristes chinois qui viennent s'y perdre dans ses tres jolis parcs et descendre la riviere Li pour admirer les formations geologiques typiques de la region: les pics karstiques (voyez le film "the painted veil"!).

Il y avait beaucoup de touristes chinois le week-end dernier a Guilin. Tout porte a croire qu'ils (elles, surtout) venaient de petites villes et villages eloignes et qu'ils n'ont pas rencontre souvent d'etrangers puisqu'on s'est fait demander a maintes reprises de se faire prendre en photo!

C'est tres bon pour l'ego de 40 ans et plus...

...et, pourquoi pas, on leur a demande la meme chose en retour!

Autre bijou de la region: les plantations de riz en terrasses de Lijiang. On appelle cette region la "colonne vertebrale du Dragon" vu ses nombreuses arretes rocheuses dont les parois sont cultivees par les "minorites" (ethnies) Miao, Dong et Yao depuis plus de 600 ans.

Les paysages sont spectaculaires ! Malgre le temps qui etait passablement couvert (la saison des pluies debute) nous avons passe la nuit dans le village de Ping-An situe a flanc de montagne et parcouru les nombreux sentiers qui passent d'un pic a l'autre a-travers d'incroyables dedales arrondis de terrasses. Extase!

Regardez-bien en haut de la montagne, bien au-dessus du cheval, il y a des maisons de bois: c'est le village ou nous avons dormis!

Les paysans accomplissent eux aussi le chemin a pied puisqu'aucune route ne pourrait suivre un tel parcours. Le travail que tout ca represente est colossal mais c'est la principale source de survie; le riz produit ici sera entierement consomme par les familles qui cultivent les rizieres.

On ne le dira jamais assez, et vous serez d'accord avec nous, a quel point les photos ne refletent qu'une minime partie de la realite.

Ici par exemple on aimerait vous faire sentir le tres dur travail de ces paysans: les bruits de pas dans les eaux boueuses (souvent pieds nus), le souffle des betes, l'echo des conversations des femmes qui se parlent d'une riziere a l'autre, la chaleur de l'air et la lourdeur de l'humidite, leur expression de bonheur quand ils repondent a notre "Ni hao" mais surtout leur incroyable endurance physique (qui leur vaut d'ailleurs une esperance de vie de 90 ans).

On a une nouvelle amie a vous presenter: elle s'appelle Nemo, comme le poisson. Elle est toute jeune, 23 ans, et elle etudie l'anglais dans la ville chinoise de Chongquing. Nous avons longuement discute avec elle de la situation en Chine, de Mao a Deng Xiaoping. Ces conversations nous ont fascinees...

Voici Nemo, a droite, avec Man-Hua (lire la suite pour la rencontrer!)

Le lendemain matin on a rejoint Nemo sur la colline a 6h00 pour une journee de randonnee. Nemo nous a servie d'interprete avec notre guide, Man-Hua,une femme d'origine Yao (lesquelles s'habillent encore tradiionnellement). On oubliera jamais Man-Hua! Car non seulement elle nous a conduit a travers les rizieres mais cette paysanne de 50 ans nous a egalement offert de partager, avec sa famille, un diner qui allait s'averer memorable.

Disons juste que le riz gluant fermente, la soupe aux petits poissons de riviere, le plat de porc fume par la famille elle-meme et les legumes sauvages cuits avec un oeuf etaient pour le moins particuliers... Le tout etait arrose de the local servi dans des tasses si sales que nous avons du touver une facon de nous en debarasser sans y tremper les levres... Il fallait nous voir, Denis disant a Eric: as-tu reussi a vider ton verre quelque part?... en souriant pour ne pas paraitre suspects. Et Eric de repondre, en faisant semblant de regarder le paysage mais en zyeutant le pot a fleur vide a l'exterieur, "je travaille la-dessus..."

La cuisine se fait a meme le sol.

Ainsi le riz gluant, fermente avec Dieu sait quoi, etait une des choses les plus repugantes qu'il m'ait ete donne de gouter (NDLR, note de la redaction,: c'est Eric qui ecrit ces lignes... vous aviez probablement devine!). J'en ai eu des hauts-le-coeur que j'ai du reprimer mais c'etait difficile. Tout ce que j'ai reussi a gouter ce sont les legumes sauvages sautes avec un oeuf qui etaient... delicieux ! Heureusement il y avait du riz blanc car le reste depassait mon seuil de tolerance quand a l'hygiene.

C'est bete mais, sur la photo, c'a presque l'air bon...

Ajoutez-y une table crottee, une odeur de bouffe en debut de decomposition melee a des effluves de crotte de cheval (car l'ecurie/etable/porcherie est a l'etage d'en-dessous), ajoutez-y des gens aux ongles sales qui crachent les parties qu'ils n'aiment pas directement sur la table et ca vous donnera une bonne idee. Arrosez le tout comme cerise sur le sundae: d'un alcool de riz maison conserve dans un vieux bidon d'huile de palme lui aussi d'une salete repoussante. On veut bien vivre de l'aventure mais on a nos limites !!

Ah et j'oubliais, on nous avait offert de la soupe aux sangsues qu'on a poliment declinee...ces gens sont si pauvres et nous offraient un tel festin qu'on ne voulait pas les offenser (et Denis de rajouter qu'Eric s'est fait passer pour un vegetarien par crainte d'offenser Man-Hua et sa famille... j'aurais du moi aussi).

Nous voici, toujours en vie, aux cotes de Nemo, Man-Hua et son mari beaucoup moins javelisant.

On dit qu'en Chine tout se mange: tout ce qui a des pattes sauf la table, tout ce qui vole sauf les avions et tout ce qui nage sauf les bateaux ! Les marches vous offre donc grenouilles, tortues, serpents, cochons d'inde, les incontournables poules et canard et bien d'autres bibittes...

... Et on repart! La marche de 5 heures a-travers les rizieres a largement compensee notre experience culinaire traumatisante. Si bien qu'a la toute fin, on a noye ca dans la biere!!! Eh qu'etait bonne...

Eric, a l'extreme gauche, digere en marchant (et en priant un peu...).

Autre saga plus legere mais tout aussi hilarante: Eric-au-grand-coeur-qui-ne-peut-dire-non s'est fais approcher par 4 vendeuses de bebelles-attrappes-touristes...

Il a poliment refuse, en les sous-estimant un peu toutefois...

Car elles sont tenaces, et surtout pas mal plus en forme que nous!

Finalement, de bon coeur, il leur achete un coffre a crayon de 10 yuans (1.50$CAN)

Mais c'etait pas assez pour s'en debarasser!

Et moi, en prenant cette photo je ri aux larmes!

Le lendemain matin, comme a tout les matin d'ailleurs, Eric a decide d'installer sont exerciseur portatif dans un parc de la ville. C'est pas parce qu'on est en vacances qu'on doit se laisser aller!



Point de culture defficiente: On a ete surpris d'apprendre que la Chine a adopte, en 2003, une loi anti-crachats... car ca parait pas!!!

Ici tout le monde crache, partout. Il faut donc faire continuellement attention ou on marche! C'est toutefois plus dificile de s'habituer au son des "raclages de fond de gorge", surtout dans les endroits publics comme les restos et les cafes internet (comme celui ou nous sommes en ce moment).